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   En
    mai 1642, Jeanne Mance, Paul de Chomedey et un groupe de colons abordent
    dans l'île de Montréal. Ils bâtissent un fort et Jeanne Mance y établit un
    dispensaire qu'on appellera le « petit hôpital ».
 Jeanne Mance quitte la France avec Paul de Chomedey et une
    quarantaine de colons pour fonder Montréal; elle y établira un hôpital. À
    Langres, sa ville natale, Jeanne Mance avait soigné des blessés de la
    guerre de Trente Ans (1618-1648) et des malades atteints de la
    peste. Forte de ses expériences comme infirmière, elle dirige le
    dispensaire installé dans le fort.  Quelques années après l'établissement du dispensaire (petit
    hôpital) dans le fort de Ville-Marie, on construit en 1645, en dehors
    du fort, un bâtiment de pierre considéré comme le premier véritable
    hôpital. Il sera situé à l'angle des rues Saint-Joseph (aujourd'hui
    Saint-Sulpice) et Saint-Paul. En 1694, on termine la construction d'un nouvel Hôtel-Dieu,
    beaucoup plus imposant que le précédent. Malheureusement, trois mois plus
    tard, il sera détruit par un incendie.  Le mot Hôtel-Dieu vient de l’époque médiévale. Un Hôtel-Dieu
    était situés en général à l'ombre de la cathédrale et dépendant de
    l'autorité de l'évêque, les premiers Hôtels-Dieu font leur apparition en
    France au VIIe siècle. Il semble qu'au départ ils servent à héberger les
    pèlerins et à évangéliser les voyageurs mais, petit-à-petit, cette fonction
    hospitalière se transforme d'une part en hospice et d'autre part en hôpital
    accueillant principalement les vieillards, les malades et les nécessiteux.
    Ils seront de redoutables foyers de contagion au beau milieu des villes
    lors des épidémies. Pendant 17 ans, Jeanne Mance assume seule la tâche
    d'infirmière à l'hôpital, assistée d'une servante. Lors de son second
    voyage, elle ramène de France, en 1659, les trois premières Hospitalières :
    soeurs Judith Moreau de Brésoles, Catherine Macé et Marie Maillet.
    Ensemble, elles se consacreront aux soins physiques, mais aussi spirituels
    des malades. En 1676, trois ans après le décès de Jeanne Mance, les
    Hospitalières deviendront les nouvelles administratrices de l'Hôtel-Dieu. Hospitalières de Saint-Joseph Cette communauté religieuse est fondée en 1636, à La Flèche, en France, par
    Jérôme Le Royer de La Dauversière et Marie de la Ferre. Elle a pour mission
    le soin des malades.
 À l'Hôtel-Dieu de Montréal, Jeanne Mance et les
    Hospitalières prodiguent avec dévouement et compassion leurs soins aux
    malades. Soeurs soignantes et apothicairesses accompagnent et soignent
    gratuitement tous ceux qui leur sont confiés. Leur charité demeure
    universelle. Le 19e siècle fut celui des découvertes scientifiques. En
    médecine, on assiste à une véritable révolution. L'avènement de
    l'anesthésie, de l'asepsie, de la synthèse chimique de médicaments et de la
    vaccination ainsi que l'invention de nouveaux instruments donnent à la
    médecine un nouvel essor. En 1860, Pasteur découvre les micro-organismes responsables
    des infections et de la contagion. Lister propose l'antisepsie et ouvre
    ainsi la voie à la découverte de l'asepsie. Pasteur découvre l'asepsie qui
    a pour but de supprimer les microbes, véritable révolution dans le monde
    chirurgical. Il invente le premier vaccin contre la rage. La vaccination se
    généralise. En 1901, les Hospitalières de Saint-Joseph fondent l'École
    des infirmières de l'Hôtel-Dieu de Montréal. Formées scientifiquement et
    orientées vers le don de soi, de jeunes femmes laïques se joignent à
    l'équipe de soins. C'est la naissance d'une profession. Aides-infirmièresAprès la Première Guerre mondiale et, de manière plus aiguë, après la
    Seconde Guerre, un besoin urgent de personnel se fait sentir dans les
    hôpitaux du pays. Dès les années 20, ceux-ci ont pris l’habitude de
    recruter du personnel peu qualifié, possédant une formation de quelques
    semaines, voire quelques heures pour prendre la relève des infirmières dans
    l’exécution de certaines tâches exigeant peu de qualifications. Les soins
    de chevet, la distribution des repas, l’entretien de la chambre, etc.
    constituaient l’essentiel des fonctions exigées des « aides-infirmières ».
 Au Canada comme au Québec, le domaine des soins infirmiers
    repose alors sur les épaules de personnel féminin, religieuses et
    infirmières laïques. Cependant, le recours à du personnel de soutien n’est
    pas systématique à cette époque et la formation des infirmières auxiliaires
    ne relève que d’initiatives isolées. Une école d’infirmières auxiliaires
    anglophones est mise sur pied dans les années 20 par une infirmière nommée
    Miss Parker. Elle offre un cours d’une durée de neuf mois, divisé en deux
    volets, l’un pratique et l’autre théorique. Ce n’est qu’au début des années 40 que l’Association des
    infirmières canadiennes (AIC) commence à se pencher sur la question
    des infirmières auxiliaires. L’AIC reconnaît la nécessité de libérer
    l’infirmière d’une partie de son travail pour la confier à une aide formée
    à cet effet. Cependant, cette décision ne sera mise en œuvre qu’après la
    Seconde Guerre mondiale (1939-1945). Au lendemain de la guerre, le ministère du Bien-Être social
    et de la santé du Canada effectue une enquête sur les besoins en personnel
    dans le milieu hospitalier. Les hôpitaux souhaitent conserver les «
    aides-infirmières » tout en leur donnant accès à une formation plus
    poussée. Le ministère recommande ainsi la mise sur pied d’une structure
    permettant la formation des infirmières auxiliaires à travers le Canada,
    par la création d’un cours de 12 mois. Pionnière de la profession : La première école de
    gardes-malades auxiliaires au QuébecLa première école de gardes-malades auxiliaires au Québec est inaugurée en
    septembre 1950 par Charlotte Tassé. Mme Tassé est née le 2 mai 1897 à
    Henryville, dans le comté d’Iberville au Québec. Cette infirmière
    passionnée a consacré sa vie à sa profession. Elle a permis à des milliers
    de jeunes aides-infirmières d’acquérir un statut professionnel et une
    reconnaissance sociale. Elle a ainsi donné naissance à la profession
    d’infirmière auxiliaire.
 Mme Tassé a tout d’abord grandi dans une famille presque
    entièrement dédiée à la santé : son grand-père était médecin, ses trois
    sœurs sont devenues infirmières et l’un de ses cinq frères est également
    devenu médecin. Après des études chez les religieuses de la Présentation de
    Marie, elle obtient un diplôme d’infirmière de l’Hôpital Notre-Dame en
    1917. Elle suit ensuite des cours de perfectionnement en pratique privée
    durant six mois à l’hôpital Bellevue de New York, « J’avais à ce moment-là
    l’idée que je ferais une carrière de ma vie d’infirmière. » Le 17 septembre
    1919, à l’âge d’à peine 25 ans, elle est embauchée au Sanatorium Prévost
    qui fermera ses portes en 1947, en raison de la défection des jeunes
    recrues.  Avec
    en poche un certificat d’infirmière licenciée de l’Association des
    infirmières du Québec, attribué en 1920, elle travaille au Sanatorium
    Prévost tout en prenant une part active dans les congrès internationaux
    d’infirmières au Québec et en Europe. En 1928, elle met sur pied, en
    collaboration avec sa sœur Rachel, la revue La garde-malade
    canadienne-française, qui deviendra plus tard Les cahiers du nursing
    canadien. En coopération avec Bernadette Lépine, elle fait l’acquisition, en
    octobre 1945, du Sanatorium Prévost duquel elle devient la directrice
    générale. Elle y introduit en 1948 un cours de perfectionnement en soins
    infirmiers psychiatriques. Le 4 septembre 1950, Charlotte Tassé réalise un
    rêve de longue date en installant, dans le Sanatorium Prévost, la première
    École de gardes-malades auxiliaires de la province de Québec. L’infirmière
    Tassé devient une ressource incontournable pour les autorités, faisant
    progresser de façon admirable la profession d’infirmière auxiliaire.
 Lors de la Révolution tranquille (1964), elle quitte
    contre son gré le poste de présidente du Conseil d’administration qu’elle
    occupait. Elle a vécu une vie exemplaire au service des malades, de
    l’enseignement et de la défense des intérêts des infirmières et des
    infirmières auxiliaires. Elle s’est éteinte en 1974 à l’Hôtel-Dieu de
    Montréal. La formation des infirmières auxiliaires durant les années
    50Pour être acceptées au programme d’études de gardes-malades auxiliaire, les
    étudiants doivent posséder un certificat d’études complémentaires de
    neuvième année et être âgées de 18 à 30 ans. Afin d’obtenir leur diplôme de
    gardes-malades auxiliaire, selon les exigences de Charlotte Tassé, les
    étudiants doivent suivre un cours de 18 mois, incluant des cours théoriques
    et six mois de stages pratiques à l’hôpital, complétés après leur scolarité
    afin d’obtenir leur droit de pratique. Pendant toute la d urée du cours,
    les élèves gardes-malades auxiliaires demeurent habituellement à l’hôpital
    afin d’être en contact avec les malades. Cette pratique est favorisée par
    le Comité des hôpitaux. Toutefois, chez les auxiliaires en nursing,
    l’internat n’existe pas. Les étudiantes doivent loger à l’extérieur de
    l’école et ne s’y rendre que pendant les heures de cours ou de travail pratique.
 Durant les années 50, la formation des infirmières
    auxiliaires s’apparente, à certains niveaux, à celle dispensée aux
    infirmières à la même époque. Cette similitude ne résiste pas tant dans le
    contenu de cours, mais dans le mode de travail imposé aux élèves. En effet,
    le travail pratique occupe une place fondamentale dans les écoles
    d’hôpitaux. Très peu d’heures sont consacrées à l’enseignement théorique et
    la majorité du temps est employée à l’apprentissage des soins et des
    techniques de nursing. Les étudiantes infirmières auxiliaires, qui
    travaillent environ 54 heures par semaine, constituent pour les hôpitaux
    une main-d’œuvre à bon marché, tout comme les élèves infirmières. Elles ne
    reçoivent de fait qu’une faible rémunération en échange de leur travail,
    soit environ 15 $ par mois. Les techniques assimilées par les étudiantes infirmières
    auxiliaires sont essentiellement reliées aux soins de chevet. Les soins
    infirmiers proprement dits, soient la pathologie et les techniques, les soins
    aux enfants, aux accouchées, etc., constituent 50 % du temps
    d’enseignement. Par ailleurs, le programme d’études consacre 38 % du temps
    de formation aux sciences humaines, religieuses et domestiques. Les
    sciences biologiques, qui permettent de comprendre le fonctionnement du
    corps humain et l’origine des maladies, n’occupent que 12 % du temps alloué
    à la formation. Le regroupement des infirmières auxiliaires
  Les
    deux groupes d’infirmières auxiliaires (les gardes-malades auxiliaires
    et les auxiliaires en nursing) se développent durant deux décennies,
    mettant de l’avant leurs propres critères de formation et créant leur
    propre association professionnelle. C’est cependant du côté des
    gardes-malades auxiliaires que la lutte pour la reconnaissance professionnelle
    se fera la plus vive. Elles jouissent d’un statut plus favorable que leurs
    consoeurs, qui dépendent directement des infirmières par l’entremise de
    l’AIPQ. Le nombre d’écoles de gardes-malades auxiliaires s’accroît donc
    rapidement. En 1958, dix écoles dispensaient la formation de gardes-malades
    auxiliaires au Québec. À la suite de l’admission des candidats masculins à
    la profession, décrétées en 1964, le nombre d’écoles se multiplient :
    lorsque le ministère de la Santé prend à sa charge la formation des
    infirmières auxiliaires en 1968, 48 écoles de ce type existent déjà. En 1971, les deux groupes d’infirmières auxiliaires
    s’unissent finalement pour tenter d’obtenir de l’État la formation d’une
    corporation professionnelle, telle que définie par le rapport de la
    Commission d’enquête sur la santé et le bien-être social. Les infirmières
    auxiliaires se fixeront alors pour but d’acquérir le même statut que celui
    des infirmières. Les infirmières auxiliaires du Québec atteignent leur
    objectif en 1974, lorsqu’elles se regroupent sous la bannière de la
    Corporation professionnelle des infirmières et infirmiers auxiliaires du
    Québec, appelée depuis 1994 l’Ordre des infirmières et infirmiers
    auxiliaires du Québec (O.I.I.A.Q.).  Un programme de formation spécialiséeDepuis 1968 le ministère de l’Éducation à pour mandat de s’assurer du
    programme S.A.S.I. (Santé, Assistance et Soins Infirmiers). La
    formation conduisant à l’exercice de la profession d’infirmière auxiliaire
    est d’une durée totale de 1 800 heures. Cette formation mène à l’obtention
    d’un diplôme d’études professionnelles (DEP) décerné par le
    ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec.
 En juin 2002, le gouvernement a modifié la législation
    professionnelle dans le domaine de la santé et a accru considérablement le
    rôle de l’infirmière auxiliaire. En plus des soins qu’elle était déjà
    habilitée à dispenser, l’infirmière auxiliaire peut notamment effectuer des
    prélèvements sanguins, administrer des vaccins sous ordonnance et
    contribuer aux campagnes de vaccination découlant de l’application de la
    loi sur la santé publique.   |